FREJUS |
Mémorial des Guerres d'Indochine et Pagode Hong-Hien |
CAUCHEMAR, ESPOIR
Oh troupe famélique ! oh troupeau lamentable
Tu as marché, traîné, jusqu'au bout de tes forces
Enterrant tes copains dans la brousse insatiable
Désarmé, sans moyen, devant leur mort atroce
On t'a bourré le crâne, emplissant ton esprit
Pour le rendre coupable des pires vilenies
Au début tu riais, à la fin tu rageais
En refoulant ta peine pour ne pas la montrer.
Avec la déchéance de ton corps amaigri
Ils voulaient faire de toi, de ton âme meurtrie
Une sorte de pantin, devant leur ami
Mais tu as résisté, en retenant ta vie
Quand ils chantaient la Paix, en fêtant le Parti
A TUYEN QUANG, là-bas, pas très loin de VIETRI
Tu pensais comme les autres, ça y est j'en suis sorti
Tu le croyais, alors que rien n'était fini
Les années ont passé, comme tout ça paraît loin
Tu croyais oublier tu penses chaque matin
A ceux morts de misère, ceux qui sont morts de faim
Dévorés par la brousse, ils étaient tes copains
Un rescapé des camps est un témoin vivant,
A l'abri de la brousse, il était moins gênant
Mais il est revenu et n'a rien demandé
N'ayant rien réclamé, il fut vite oublié
Mais heureusement pour lui, parmi les survivants
Certains se sont battus, sans cesse, obstinément
En demandant toujours et demandant encore
Un peu plus de justice avant qu'ils soient tous morts
Et ils ont obtenu d'être enfin reconnus
Que justice soit faite, qu'elle soit enfin rendue
Aux Parias silencieux tous à moitié fichus
Qui traînaient leur boulet de citoyen déchu.
RADOU, CAMP 42
En souvenir de mes compagnons de calvaire
Mourir pour l'Indochine
"Tu étais mon ami ! Ensemble, nous sommes partis !
Parcourant les mers, voguant vers l'Indochine
Pataugeant dans les rizières, la jungle de Cochinchine,
Pour défendre là-bas la France et son Empire".
Sur les bancs de l'école, j'avais entendu dire :
Prestige d'un peuple, l'orgueil d'une nation.
Dans la fournaise, on bradait des garçons.
"Tu étais mon ami ! Comme moi, t'as pas compris !"
On recherchait l'ennemi qui se nommait Viêt-minh,
Patrouillant nuit et jour dans les rues de Gia Dinh.
Tu regardais, c'est sûr ces belles et jolies filles,
Ce mystérieux pays où tant de jonques fourmillent.
Nous étions tous unis, aucun ne montrait son grade
Car tous redoutaient ces terribles embuscades.
"Tu étais mon ami"
Soudain, j'entends un cri.
Voyant son corps sans vie et ses grands yeux meurtris,
Affalé sur le sol, j'ai tout de suite compris
Que plus jamais il ne verrait d'aurore.
Je n'osais y croire mais j'espérais encore.
Dans le fracas des armes,
J'ai versé quélques larmes.
Il était mon ami et la guerre me l'a pris.
"En ce lointain pays, loin des lieux de ton enfance,
A jamais tu reposes, loin de la terre de France."
A l'orée des hévéas, vous verrez une croix,
Simple distinction qui nous rappelle sa foi.
On peut y lire ceci : son nom en lettres majuscules,
Sa date de décès et son numéro matricule,
"Mort pour la France"
"Tu étais mon ami."
Pour sa patrie, il a donné sa vie.
André CLIN
à ceux du C.E.F.E.O.
"A tous ceux qui recherchent un parent, ami ou camarade mort ou disparu en Indochine...
A tous ceux qui ne peuvent se déplacer et se rendre au Mémorial pour s'y recueillir...
A tous ceux qui sont à des milliers de kilomètres...
A tous ceux qui souhaitent simplement découvrir ce lieu de mémoire..."